Le 27 février 2015
Les habitants du bidonville sous la passerelle Eiffel, quai Deschamps, veulent « une vie ordinaire ».
La Garonne n'a pas débordé samedi dernier. Mais la colère des demandeurs d'asile sahraouis dont la situation a été mise au grand jour par la menace de crue s'est étalée hier, 26 février, devant la presse. La semaine dernière, ils paraissaient plutôt isolés dans leur campement de la passerelle Eiffel en rive droite, quai Deschamps, quand la préfecture leur proposait deux nuits d'hôtel durant la crue.
Hier, la Ligue des droits de l'homme, la Cimade et l'Asti ont improvisé une conférence de presse sur ce qu'ils nomment une « urgence humanitaire ». Médecins du monde, qui suit le groupe depuis l'automne dernier, était également présent.
Ce sont les intéressés eux-mêmes qui ont clamé leur déception et leur colère.
L'un des migrants, Ahmedou, se charge de donner le ton, criant en français : « Nous sommes des hommes pas des Martiens ! Nous sommes ici pour le travail. Je suis électricien. Il n'y a rien là-bas. »
Photos Bonnaud Guillaume
Là-bas, c'est le camp de réfugiés de Dhala à Tindouf. Comme la plupart des membres du groupe. Quelque part dans ce Sahara occidental disputé depuis quarante ans entre le Maroc, les indépendantistes du front Polisario, et l'Algérie, qui soutient ces derniers contre son voisin et rival. « Notre pays est en conflit depuis des années. On est venus en France. On n'a pas trouvé les conditions de vie qu'on espérait. Ce n'est pas la devise de la France. Nous n'avons pas le droit au travail. Nous n'avons pas d'eau à moins d'un kilomètre. Nous voulons juste une vie ordinaire », ajoutent d'autres.
« Interdit de bouger »
Ils se comptent « entre 100 et 300 » dans l'agglomération. Mais selon les associations, la plateforme d'accueil des demandeurs d'asile n'en connaît qu'environ 90.
Une quinzaine d'entre eux ont blotti quelques tentes le long de la piste cyclable de l'Entre-deux-Mers, sous une bretelle du pont Saint-Jean. Depuis qu'il pleut, l'eau stagne et monte. Du linge tente de sécher sous la pluie. «
On a appelé les pompiers, la police, personne ne vient voir ». Ils ne déplacent pas leur campement, disent-ils, « parce que la police nous interdit de bouger ».
Selon Lucie Hugon, de l'Asti, la colère d'hier a débordé lorsque le bruit s'est répandu que l'hébergement à l'hôtel ne serait maintenu que jusqu'à lundi…
« C'est retour à la case départ », dénoncent les associations. Ce que démentait la préfecture hier soir.
Une chose est sûre : les conditions de vie de ces demandeurs d'asile, sont indignes depuis plusieurs mois. Désormais, tout le monde le sait.
Nos vidéos sur le camp des Sahraouis